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Osez le féminsime 63
19 mai 2013

La précarité féminine - 2/2

thème de l'émission de radio du 14 mai 2013

écouter l'émission sur l'audioblog

 

La précarité : qui quoi et combien ?

par Stéphanie

 

Chers tous, bonjour, dans cette émission ayant pour thème la précarité laissez moi vous parler de … « la précarité ». La dure, la vraie, la française, la réelle, la bien de chez nous, la bien chiffrée.

Parce que oui, Précarité est la meilleure copine de tous les débats, elle s’invite dans les discussion, squatte les meetings, les journaux télévisés, les interdits bancaires et les plans sociaux. Mais, Précarité, qui es-tu vraiment ? Quel ton visage, ta taille, tes mensurations ? Car la précarité a un sexe voyez-vous, et c’est une femme !

Mais alors qu’est-ce donc que la précarité ?

D’après nos illustres membres de la Commission du dictionnaire de l’Académie Française (notons : 3 dames pour 8  gentlemen) la précarité c’est, deux points je cite: « caractère de ce qui est instable et incertain/ connaître des difficultés matérielles compromettant l’insertion dans la société. » Nos chers ami professionnels des sciences sociales tout terrain ont choisi de clarifier la chose comme suit : « la précarité est la forte incertitude de conserver ou récupérer une situation acceptable dans un avenir proche ». Les mots pivots étant situation acceptable avec ce qu’on peut mettre derrière (ou devant).

 

Mais Précarité est une coquine, une sournoise bleue, qui, encore plus forte que Mystic dans Xmen, se balade partout avec ses petits sourires de polymorphe.

 

On a la précarité de l’emploi : la plus connue, la plusss à la mode avec la dernière loi fléxi-précarité, heu pardon, la loi de « sécurisation de l’emploi » votée le 20 avril dernier par nos messieurs (et quelques dames) du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Avec miss Précarité de l’emploi on a tout un aéropage de cdd, interims, chômage, vacations, temps partiels et sous emplois.

On a aussi la précarité du logement : une vraie fée du logis qui s’accoquine avec les marchands de sommeil, qui garde ses Tanguy chérischez les parents jusqu’à leurs 30 bougies et qui invite ses meilleurs amis à s’initier aux joies du camping et des soirées festives dans les foyers de sans abris. Fun…

On a la précarité énergétique ; oula un peu délaissée celle là depuis le fiasco du grenelle de l’environnement… Celle-ci vous promet de froides journées d’hiver et de belles aventures avec EDF et GDF !

On a aussi la belle précarité de la santé. On s’américanise que voulez-vous, faut bien être libéral en Europe un peu ! aussi, maintenant, avons-nous la joie de connaître les déserts médicaux (et oui fait pas bon d ‘avoir un AVC ou un accouchement compliqué dans le Sancy), on a les remboursements insuffisants et tous ces professionnels émérites qui gonflent leurs dépassements d’honoraires plus vite que les taux d’imposition. Un médecin, un vrai de vrai, un bon, un chef, ça se mérite ! ça se mérite à la sueur de notre front et pas à celle de notre mutuelle…

 

Bref, Précarité, belle déesse aux mille visages, nous te reconnaissons !

 

Maintenant que nous t’avons identifiée, voyons voir un peu ce que ça donne au niveau de tes abonnés. Attention là ça va dépoter, de quoi faire frire de jalousie les meilleures cartes de fidélité !

Je vous sors des chiffres, non pas de la cuisse de la Jupiter, mais des dernières études INSEE portant sur les années 2010 et 2011, parce que c’est plus chouette quand même (et ce sont les + récentes) !

La France compte 8.6 millions de pauvres. Attention, je répète, la France compte 8.6 millions de pauvres. Soit 14% de la population.

 

Alors un pauvre c’est quoi ? C’est quelqu’un dans une situation de précarité persistante. Oui mais encore. On est plus au Moyen-Age, c’est difficile de les reconnaître les pauvres de nos jours vous savez ! Ils ont des vêtements, un logement voire même parfois une voiture ! Ils arrivent même à travailler ! et le pire c’est que parfois, oui parfois, ce peuvent être vos amis ou même vous, directement…

Un pauvre c’est donc quelqu’un qui gagne moins de 964€ par mois, tous revenus compris. Et alors attention il y a aussi sa petite soeur : l’extrême pauvreté. Là on gagne moins de 642€ par mois. Et là ils sont 2.1 millions. Donc en France en tout on a 8.6 millions de pauvres dont 2.1 millions d’extrême pauvreté…

Ca rigole déjà pas mais là j’ai encore d’autres chiffres à vous servir sur mon petit plateau radiophonique.

On estime à 2.665.000 les enfants qui vivent dans une famille pauvre. Concrètement ça ferait 1 enfant sur 5 !

Mais ya pas que les jeunes dans la vie, ya les vieux aussi. Les personnes âgées sont touchées, car 12% des plus de 75 ans gagnent moins de ces 964€ par mois.

Maintenant rappelez-vous : je vous disais tout à l’heure que Précarité avait plusieurs visages.

Pour le logement par exemple il faut compter 3.6 millions de personnes mal logées ou SDF. Pour les amis de l’abbé Pierre, sur ces 3.6 millions il y aurait 685.000 qui sont sans domicile personnel (sans location ou propriété) et notamment 133.000 sans abris.

A cela ajoutons les 5 millions de personnes en fragilité réelle de logement, c’est-à-dire avec des retards de loyers, des risques d’expulsion, des problèmes de remboursement de prêts immobiliers. Ca fait du monde…

Pour rester dans le thème du logement, rappelons-nous le bon souvenir de notre précarité énergétique : 1 ménage sur 5 souffre du froid et a du mal à régler ses factures !

Bon, et quid de notre belle santé ?

1 français sur 5 a déjà renoncé ou repoussé des soins nécessaires à cause de problèmes financiers. Et Médecins du Monde qui, comme son nom de l’indique  pas est très très actif sur le territoire national, ne cesse d’alerter sur la hausse de fréquentation de ses centres et le nombre de consultations qu’ils donnent.

Et pour ce qui est de l’élémentaire alimentaire : les Restos du coeur, le Secours Populaire et autres banques alimentaires distribuaient en 2011 plus de 293 millions de repas. Alors attention je précise, pour avoir le panier de chez Coluche, suffit pas de rappliquer les mains dans les poches. On doit montrer patte blanche, feuille d’imposition et tout un tas de papelards pour pouvoir repartir avec son petit sac. Donc ces 293 millions de repas, c’est pour ceux qui en ont besoin, pas pour des radins profiteurs arrivistes.

Je vais clore ce florilège de chiffres enchantés avec juste une dernière facétie de notre amie Précarité. J’ai nommé le travailleur pauvre. Et oui ils sont 2 millions au moins de travailleurs pauvres et précaires. Alors on sait qu’ils sont principalement dans les services à la personne, la restauration, le commerce et sur des postes à temps partiel.

Diantre, mais que vois-je ?! Ce sont avant tout des métiers occupés par… des femmes !

(admirez la transition, très professionnelle n’est-ce pas) : car en effet comme ne cessent de le souligner les sociologues, certains économistes et surtout vos chères amies féministes : la précarité a un sexe et c’est une femme !

Sur les 8.6 millions de personnes pauvres dont on parlait tout à l’heure : 4.7 millions sont des femmes. Soit 55% des pauvres. Ca fait plus de la moitié. Mais où est donc l’égalité ?

Sachez que 33% des familles monoparentales se trouvent sous le seuil de pauvreté. Et devinez qui constitue plus des 3/4 des familles mono ? Les mamans pardi !

La moitié des mères séparées ou divorcées ne perçoivent pas la pension alimentaire légalement due par le papa. Pensée émue pour SOS Papa, commencez donc par payer vos pensions avant d’aller faire les clowns sur des grues ou sur les églises.

Pour revenir à nos travailleurs précaires, précisons qu’une fois n’est pas coutume le féminin l’emporte largement : 70% des travailleurs pauvres sont des femmes ! Il y a 1.5 millions de personnes en sous emploi : les ¾ sont des femmes !

Les emplois à temps partiel (et oui quelle vie confortable et quelle belle retraite on se prépare avec un salaire incomplet n’est-ce pas) sont occupés pour 82% d’entre eux par des femmes. Et pour ceux qui nous disent que le temps partiel c’est maman qui le veut, bah il aurait beaucoup à dire sur ce mais je vais me limiter en précisant qu’un tiers sont des temps partiels subis et non pas désirés. Voilà quoi.

Et la retraite donc, cette belle chimère, ce panacée qu’on espère tous effleurer du bout des doigts un jour, la retraite donc : lorsqu’un monsieur touche en moyenne 1657€ de retraite directe, une femme en touche 879€. On sent un léger écart tout de même…

Et donc le corollaire c’est que 57% des bénéficiaires du minimum vieillesse sont des ladies.

Alors on espère que mamie pourra profiter de sa petite retraite tranquillement et en bonne santé. Et bien malgré une espérance de vie féminine plus longue on va dire que c’est pas gagné : 58% des TMS sont subis par des femmes. Les TMS, qu’est-ce donc ? bonne question ? ce sont les troubles musculo squelettiques liés au travail. Ils sont causés par des  activités contraignantes, gestes répétitifs, des postures difficiles, etc. consécutifs au travail. Les exemples les plus courants et les plus identifiés sont ceux issus des emplois de type travail à la chaîne, petits postes d usines, les métiers d’agent d’entretien, de service à la personne, de commerce (et oui la caissière de chez Leclerc !) :bref on en revient là à nos métiers ultra féminisés.

Alors la précarité a un sexe et c’est une femme : CQFD ! Après ma diatribe je me sens le souffle dangereusement précaire mais je vous pose à tous et à toutes cette question : ça vous inspire quoi ?

bandeau radio

 

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